Valentin Madouas : "Depuis que je suis coureur, tout le monde me parle de cette course"
7 mai 2025 - 15:11
La 41e édition du Tro Bro Léon accueillera dimanche un bizuth pas comme les autres : Valentin Madouas. Le Finistérien de 28 ans n'a encore jamais pris part à « la course de la maison », cette épreuve à rebondissements qu'il « adore » et que le coureur de Groupama-FDJ a vu passer sur le bord de la route « entre 15 et 20 fois » depuis son plus jeune âge. Mais cette fois, c'est la bonne. Un calendrier ajusté va permettre au vice-champion olympique de prendre enfin le départ à Lannilis. Et il a la ferme intention de repartir avec le cochon et la victoire.
Vous allez découvrir le Tro Bro Leon à 28 ans, au cours de votre 9e saison chez les pros. On a envie de dire « Enfin ! ». Et vous, vous le dîtes-vous ?
Oui et non ! Bien sûr, j'en avais envie. Mais ça faisait partie du jeu, entre guillemets, car il y avait toujours des grosses courses en face. Avant, il y avait l'Amstel, puis j'ai fait le Giro. Ensuite, c'était durant la prépa' du Tour, au moment de ma reprise et ça ne servait à rien de venir sans être performant. Je ne voulais pas y aller pour y aller.
Qu'est-ce qui a rendu possible votre participation cette année ?
On a un peu changé mon programme, j'ai repris un peu plus tard les classiques et j'ai essayé de décaler mon pic de forme. Puis le fait de ne pas faire le Dauphiné mais plutôt le Tour de Suisse me permet de couper juste après le Tro Bro. Ça m'a fait gagner une semaine donc ça rentrait mieux dans mon programme.
De toute manière, vous n'auriez pas pu finir votre carrière sans jamais disputer l'épreuve...
Oui c'est clair ! C'est quand même la course de la maison.
Vous êtes très probablement le coureur en activité à compter le plus de participations à l'épreuve… en tant que spectateur sur le bord de la route.
Sûrement ! C'est une course sur laquelle je vais depuis gamin. C'est un peu la course du coin. Et ce que je trouve sympa, c'est quand même les chemins. La course est belle, ce n'est pas qu'une arrivée au sprint. Les paysages sont magnifiques. Ça montre aussi notre beau Finistère Nord. Et les chemins rendent la course un peu… On ne sait jamais comment elle va se jouer. J'ai vu des retournements de situations énormes ici. C'est une course toujours agréable à suivre. J'adore !
Combien de fois l'avez-vous vu passer en tant que spectateur ?
Pfff… Je ne sais pas. J'ai 28 ans ? Je dirais donc 15 à 20 fois. J'y allais tout le temps petit. Parce qu'une fois que mon père a fini sa carrière, en 2001, on allait voir presque toutes les éditions car l'entreprise dans laquelle il travaillait, Trecobat, un constructeur de maisons individuelles, est partenaire de l'épreuve. Le siège est à Lannilis, au niveau du départ. Mon père était commercial là-bas avant d'être responsable des ventes. Il venait donc sur la course pour le boulot, et il l'a même commentée à la télé. Donc je suis venu très, très souvent !
Il serait faux de dire que vous allez épingler votre premier dossard sur les ribinoù car vous avez disputé le Tro Bro Cadets en 2012, l'épreuve réservée aux moins de 17 ans qui ouvre la course pro. Quel souvenir en gardez-vous ?
Plutôt bon ! Je suis content de l'avoir fait. Mais je m'étais mis beaucoup de pression. J'avais très envie de performer, surtout qu'il s'agissait du Trophée Madiot. Je n'ai pas eu un super résultat (10e) mais c'était une course qu'on attendait tous énormément. Car en cadets, tu n'as jamais l'habitude de faire des courses avec les infrastructures des pros. C'était assez drôle !
« Ça se rapproche des classiques en Belgique. Quand on dit que c'est le Paris-Roubaix breton, pour moi, c'est à peu près ça »
Cette année, on présume que votre ambition est de repartir avec la victoire, et donc le cochon ?
Ce n'est pas mon ambition à moi, mais celle de ma copine !
Ah oui ?
Oui, elle est d'ailleurs là derrière moi (l'entretien se déroule par téléphone). Elle adore les petits cochons. Pour tout vous dire, on a acheté une maison de vacances au bord de la mer, au Conquet, qui est en travaux et devrait être terminée pour l'été. Je lui ai dit que le cochon sera là pour la crémaillère ! Elle ne veut pas le tuer. Mais moi je lui ai dit qu'un cochon, c'est pour faire un cochon grillé ! Donc c'est pour faire une belle fête (madame proteste !!!). Et ce sera un bon souvenir !
Comment définiriez-vous votre rapport avec le Tro Bro Leon ? Peut-on dire que c'est votre épreuve de cœur ?
Un petit peu, ouais. C'est vrai, je n'ai jamais trop pensé à ça… C'est tellement les routes de chez nous. Quand tu fais du gravel, tu vois tellement de chemins : sur 60 kilomètres, tu peux en faire 50 d'affilée sur des chemins. Ça fait partie de l'ADN de notre territoire. C'est une vraie classique. Ça se rapproche des classiques en Belgique. Quand on dit que c'est le Paris-Roubaix breton, pour moi, c'est à peu près ça. T'as un vrai enchaînement comme à Roubaix, même si tu n'as pas forcément les mêmes kilomètres. Le parcours ne va pas chercher les bosses, il n'est pas très dur. Mais il est très, très usant, il faut rester concentré du début jusqu'à la fin, savoir où mettre tes roues pour ne pas prendre les cailloux, car tu peux perdre la course bêtement comme ça.
En exagérant, on pourrait dire que chaque ribin ou presque renferme une histoire vous concernant. Celui de Leuré Braz se termine à Plouider où s’étaient mariés vos parents.
C'est assez marrant, je connais très bien tous les secteurs du début de course. Il y en a un, le troisième, qui finit juste à côté de ma maison. J'habite à Gouesnou, à côté de l'aéroport. Je connais aussi très bien ceux du final. Mais de là à dire que ça retrace mon histoire, c'est dur à dire ! Mais ce sont des endroits que je connais très bien.
Le club où vous êtes licencié, Team Oxygène Ploudal-Portsall, prévoit de monter un virage Madouas… Cela dit à quel point vous serez attendus dimanche !
Depuis que je suis coureur, tout le monde me parle de cette course. Je sais que je serai attendu par tout le monde. C'est vrai que c'est drôle. Le club a dit qu'il voulait faire un petit quelque chose. Ils ont voulu organiser le rendez-vous à la sortie du dernier ribin, à 2-3 km de l'arrivée. Ils ont vu avec les agriculteurs du coin pour libérer un espace et surtout passer un moment convivial. Bien sûr, c'est forcément pour m'encourager. Mais c'est aussi pour passer un moment ensemble. Quand t'es dans un club et que t'es bénévole, tu as beaucoup de galères et pas beaucoup de moments de fête. Ces moments-là, il faut en profiter. Je ne veux pas trop en savoir non plus ! Je serai très content qu'ils s'amusent, et si je suis à l'avant, si je suis bien placé, ça rendra le truc encore plus beau !
Vous étiez le coureur mis à l'honneur dans l'affiche de la précédente édition, peinte par Jean-Paul Mellouet. On imagine que cette attention vous a touché.
Oui, carrément ! C'est le rêve de tout le monde d'être sur l'affiche de Jean-Paul ! Quand tu vois la beauté de l'affiche, c'est toujours incroyable.
Vous sortez d'une campagne de classiques assez frustrante et votre dernière victoire remonte à près de deux ans. C'était déjà dans votre région, sur la Bretagne Classic. On vous imagine particulièrement motivé à l'idée de renouer avec le succès, qui plus est sur vos terres.
Oui oui, c'est le but ! C'est pour ça que je suis là, pour essayer d'aller gagner. Avec l'équipe, on aborde ça de la même manière que sur les courses francs-comtoises où Guillaume Martin-Guyonnet a gagné deux fois. Le but est de gagner un maximum de ces quatre courses avec n'importe quel coureur (les Boucles de l'Aulne, le Tour du Finistère, la Classique de Morbihan et le Tro Bro Leon se succèdent de jeudi à dimanche). De mon côté, je disputerai seulement la première, à Châteaulin, avant le Tro Bro Leon. Je me sens bien, en forme. Maintenant, il n'y a plus qu'à